La société industrielle détruit la planète

Effondrement écologique et Collapsologie

Une pédagogie de l’effondrement écologique basée sur des faits scientifiques

Au fil de mes recherches, j’ai croisé la route de plusieurs personnalités qui donnent régulièrement de leur temps pour produire un effort pédagogique que je veux ici saluer. Celui de partager le constat scientifique d’une société thermo-industrielle en déclin. Notre civilisation ayant atteint – si ce n’est déjà dépassé pour certaines – des limites en terme de capacité de la planète à soutenir son fonctionnement.

J’ai choisi de vous présenter ici les concepts d’effondrement écologique et de collapsologie en citant des acteurs qui sortent un peu du lot en raison de leurs capacités pédagogiques dans la transmission claire d’informations complexes (une appréciation très personnelle, j’en conviens, mais qui peut s’avérer utile par les temps qui courent).

Scénarios de l’effondrement : l’analyse d’Arthur Keller

Le premier s’appelle Arthur Keller, ingénieur de formation, auteur, conférencier et consultant siégeant au conseil d’administration d’Adrastia (une association ayant pour but, je cite, de “favoriser les échanges d’informations et de compétences afin d’anticiper au mieux ce déclin” [le déclin de notre société thermo-industrielle, NDLR]). Nombreuses de ses conférences sont disponibles sur YouTube. Parmi elles, j’ai retenu une intervention sur les scénarios de l’effondrement donnée dans le cadre d’une Web-série qui pourra vous donner envie d’approfondir vos réflexions. Arthur y présente notamment des notions d’empreinte écologique et de biocapacité à travers 4 scénarios (ou imaginaires) d’évolution autour desquelles la société se positionne aujourd’hui :

Effondrement de notre civilisation : l’analyse de Vincent Mignerot

Le second s’appelle Vincent Mignerot, chercheur indépendant et essayiste, fondateur de l’association Adrastia. Partant du même constat qu’Arthur Keller, je trouve son approche complémentaire et particulièrement intéressante puisqu’il met en perspective l’atteinte des limites de notre société thermo-industrielle avec des effondrements ayant déjà eu lieu (dans d’autres sociétés, d’autres milieux). Partant du constat que l’énergie est centrale pour la vie (de sa production à sa consommation, en passant par sa répartition) Vincent nous livre son analyse sur l’effondrement de notre civilisation. Pour illustrer ses propos, il développe notamment les concepts physiques de non-réversibilité, d’entropie, le mythe des substitutions énergétiques, les notions de renforcement synergique des énergies, de boucle de rétroaction positive, de taux de retour énergétique, de viabilité des écosystèmes, de contraintes de la compétition naturelle, de rivalité/coopération des espèces sur le système Terre. La conférence que j’ai sélectionnée pour vous a été donnée face aux étudiants de Science-Po en février 2019 :

Collapsologie : une théorie de l’effondrement écologique proposée par Pablo Servigne

La collapsologie est l’autre nom (un peu plus médiatisé) donné à l’étude de l’effondrement de la civilisation industrielle. Théorisé par le chercheur Pablo Servigne dans son livre Comment tout peut s’effondrer : petit manuel à l’usage des générations présentes publié en 2015, co-écrit avec Raphaël Stevens, le concept de collapsologie naît de la convergence des observations scientifiques et différents travaux de recherche dans les domaines économique et écologique.

La collapsologie est une forme de néo-science qui met en lumière les causes, les rouages et les conséquences des changements sociétaux entraînant l’effondrement des écosystèmes. Une démarche intéressante qui a le mérite d’analyser les limites de nos modèles de société actuels. Si vous êtes aussi curieux que moi, je ne doute pas que vous trouverez-là un centre d’intérêt pour alimenter vos réflexions. Pour approfondir le sujet, je vous propose comme point de départ cette interview de Pablo Servigne réalisée par France Culture :

Si vous souhaitez approfondir la collapsologie et en avoir un panorama plus global, je vous recommande également cette intervention du même Pablo Servigne devant le CESE (Conseil Economique, Social et Environnemental). La conférence est un peu longue (1h30 présentation + 1h30 questions/réponses) mais vraiment instructive :


Que retenir de tout ça ? A n’en pas douter l’émergence d’une prise de conscience sur les limites de notre civilisation industrielle. Plus généralement les limites de notre appréhension consumériste du monde qui laisserait penser que nos ressources sont illimitées (la pensée dominante auprès des économistes, des industriels et de nos politiques actuels). Ce qui est intéressant est que le constat d’effondrement écologique n’est pas utopiste mais basé sur des observations scientifiques. Qu’on l’appelle collapsologie ou plus communément effondrement, cette approche analytique propose de regrouper des constats scientifiques, identifier les causes des perturbations systémiques et envisager les conséquences pour notre civilisation. C’est à mon sens un point de départ indispensable pour sortir de la torpeur ambiante sur le dévissage climatique, pour comprendre, mettre des mots et une logique sur l’évolution du monde. Mais aussi pour construire une vision d’avenir viable et désirable pour l’humanité, basée sur de nouveaux imaginaires qui ne mettent plus au centre de nos préoccupations le seul point de croissance économique ou PIB.

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